Tonino Delli Colli
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Détails
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Nationalité |
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| Filmographie | 3 films |
| Récompense | 1 nomination et 0 victoire |
Biographie
Tonino Delli Colli, né le 20 novembre 1922 à Rome (Italie) et mort le 16 août 2005 dans la même ville, est l’un des directeurs de la photographie les plus influents du cinéma italien. Avec une carrière qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, il a collaboré avec les plus grands noms du septième art, de Pier Paolo Pasolini à Sergio Leone, en passant par Federico Fellini et Roman Polanski. Autant dire qu’il n’a pas simplement observé l’histoire du cinéma italien : il en a écrit une partie avec sa caméra.
Entré très jeune dans le monde du cinéma, Tonino Delli Colli commence à travailler dans les laboratoires de Cinecittà dès l’adolescence. Il gravit les échelons à une époque où le cinéma italien connaît un véritable âge d’or. Dès les années 40, il signe ses premiers travaux en tant que chef opérateur. Son œil affuté, son goût pour les contrastes et sa capacité à sublimer les décors naturels comme les ambiances les plus stylisées le rendent vite indispensable.
Un complice fidèle de Pasolini et Leone
Parmi les collaborations les plus marquantes de Tonino Delli Colli, celle avec Pier Paolo Pasolini tient une place à part. Ensemble, ils travaillent sur des œuvres majeures comme Accattone, Le Décaméron, Les Mille et Une Nuits ou encore Salò ou les 120 Journées de Sodome. La photographie de Tonino Delli Colli accompagne l’évolution artistique et politique de Pasolini, toujours avec subtilité. Elle oscille entre réalisme cru et stylisation presque picturale, en fonction des besoins du récit. Rarement une caméra aura autant mis en lumière la chair, la poussière et la spiritualité dans un même plan.
Autre partenariat mythique : celui avec Sergio Leone, notamment sur Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois la révolution et Il était une fois en Amérique. La lumière de Tonino Delli Colli devient ici un personnage à part entière. Chaque rayon de soleil, chaque ombre portée, chaque gros plan semble sculpté avec une minutie extrême. Le travail de la couleur, en particulier dans le dernier film de Leone, confère une texture presque tactile aux images. Une photographie qui transcende le western pour en faire une fresque lyrique et mélancolique.
Un savoir-faire au service des plus grands cinéastes
Mais Tonino Delli Colli ne s’est pas contenté de travailler avec les réalisateurs italiens. Il a aussi signé la photographie de Le Nom de la Rose (1986), réalisé par Jean-Jacques Annaud, où son usage de la lumière naturelle contribue à créer une atmosphère sombre, pesante, parfaitement adaptée au suspense du film. La texture visuelle du monastère médiéval semble sortie tout droit d’un tableau ancien, preuve encore une fois de sa capacité à modeler la lumière comme une matière.
Il collabore aussi avec Roman Polanski sur Pirates, avec Federico Fellini sur Ginger et Fred, et même avec Roberto Benigni sur La vie est belle, l’un de ses derniers travaux. Dans ce film, la photographie de Tonino Delli Colli accompagne le basculement du récit de la comédie vers la tragédie avec une grande douceur. Il y insuffle une lumière presque tendre, en contradiction apparente avec la dureté des événements, mais en parfaite résonance avec l’intention poétique du réalisateur.
Une discrétion de maître pour une œuvre monumentale
À l’inverse de nombreux chefs opérateurs qui cherchent à imposer un style reconnaissable à tout prix, Tonino Delli Colli a toujours privilégié l’adaptation. Ce n’est pas sa signature qui s’impose aux films, mais son intelligence de la mise en scène. Il a cette faculté rare de se fondre dans l’univers de chaque cinéaste, sans jamais se renier. La variété de sa filmographie en est la meilleure preuve.
Homme de l’ombre dans tous les sens du terme, il n’a jamais cherché la lumière en dehors de celle qu’il plaçait sur les visages, les décors, ou les paysages. Et pourtant, son influence sur des générations entières de directeurs de la photographie est indéniable. Il a su allier artisanat et inspiration, rigueur technique et intuition artistique.
Le prix Caméraimage pour l'ensemble de sa carrière lui a été décerné en 2005, peu de temps avant sa mort, comme une reconnaissance tardive mais méritée. Et même si son nom n’est pas toujours cité parmi les figures les plus connues du cinéma mondial, il figure pourtant dans le panthéon de ceux qui ont fait de la lumière un langage à part entière.
Tonino Delli Colli, c’est l’exemple parfait du maître discret, dont l’art s’exprime dans chaque plan sans jamais voler la vedette au récit. Un orfèvre de l’image, dont les films continuent d’illuminer les écrans longtemps après que les projecteurs se soient éteints.