Takeshi Kitano
- Casting
- Réalisation
- Montage
- Écriture
Détails
| Autres noms | 北野 武 Beat Takeshi ビートたけし |
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| Âge |
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Nationalité |
| Filmographie | 11 films |
| Récompenses | 2 nominations et 2 victoires |
Biographie
Takeshi Kitano, né le 18 janvier 1947 à Tokyo (Japon), est un artiste aux multiples visages : acteur, réalisateur, scénariste, humoriste, animateur télé et peintre. Il est également connu sous le nom de scène Beat Takeshi (ビートたけし), pseudonyme hérité de ses débuts dans le duo comique The Two Beats.
Au fil des décennies, Takeshi Kitano s’est imposé comme une figure incontournable du cinéma japonais contemporain, aussi reconnu pour ses œuvres contemplatives que pour ses fulgurances de violence. Derrière son flegme légendaire, il cache une sensibilité profonde, souvent teintée de mélancolie. Et accessoirement, une aptitude unique à transformer des yakuzas mutiques en véritables figures tragiques.
Des débuts comiques aux plateaux de cinéma : un parcours atypique de Takeshi Kitano
Né dans un quartier populaire de Tokyo, Takeshi Kitano grandit dans un environnement modeste. Après des études avortées en ingénierie, il entame sa carrière dans les années 1970 sur la scène comique japonaise, un milieu alors dominé par la télévision. Avec son humour décalé, parfois absurde, il devient une star du petit écran, incarnant la figure de l’amuseur public. Le Japon découvre alors Beat Takeshi, personnage burlesque et irrévérencieux qui deviendra une célébrité nationale.
Mais en 1989, changement de ton radical : Takeshi Kitano passe derrière la caméra avec Violent Cop, un polar minimaliste au rythme lent et aux éclats de violence soudains. Il reprend le projet au pied levé, alors que le réalisateur initial abandonne, et impose dès ce premier film une signature visuelle et narrative qui deviendra sa marque de fabrique.
L’univers singulier de Takeshi Kitano : entre esthétisme, silences et explosions de violence
Le cinéma de Takeshi Kitano ne ressemble à aucun autre. On y retrouve souvent des plans fixes, des longs silences, une violence abrupte, mais aussi une certaine tendresse pour des personnages brisés. Ses films oscillent entre poésie et brutalité, humour pince-sans-rire et méditation sur la mort.
Des œuvres comme Sonatine, Hana-bi (Lion d’or à Venise en 1997) ou encore Zatoichi (2003) explorent des thèmes récurrents : l’absurdité de la violence, la solitude des hommes, le poids du destin. Loin des clichés du cinéma d’action, Takeshi Kitano préfère les pauses aux fusillades, les regards aux dialogues, les plages désertes aux villes survoltées.
Son style est reconnaissable entre mille. Le temps semble suspendu dans ses films. Il ne cherche pas l’explication, il capte l’émotion. Et souvent, juste après une scène d'une grande douceur, un coup de feu retentit. Avec Kitano, le silence n’annonce jamais vraiment la paix.
Takeshi Kitano : une figure ambiguë entre popularité médiatique et exigence artistique
Takeshi Kitano a longtemps entretenu une double image au Japon. D’un côté, l’animateur excentrique de jeux télé absurdes (on se souvient de Takeshi’s Castle), de l’autre, le cinéaste sérieux plébiscité à l’étranger. Cette coexistence de deux Takeshi a parfois dérouté, mais elle témoigne de la richesse de son parcours.
Son accident de moto en 1994, qui faillit lui coûter la vie, marque un tournant. Il revient avec Kids Return (1996), film sur l’amertume des rêves inachevés. Par la suite, il alterne entre projets intimistes et fresques plus ambitieuses. Même quand il se moque de lui-même, comme dans Takeshis’ ou Glory to the Filmmaker!, il le fait avec un humour grinçant et une lucidité troublante.
Un artiste complet : Takeshi Kitano au-delà du cinéma
En dehors du 7e art, Takeshi Kitano est aussi écrivain, peintre, chroniqueur et musicien. Il a publié plusieurs romans et essais, souvent centrés sur la condition humaine ou les absurdités de la société japonaise. Ses œuvres picturales, régulièrement exposées, prolongent cette même sensibilité brute et colorée.
Il compose parfois lui-même les musiques de ses films et n’hésite pas à expérimenter avec le montage, la narration ou même le genre. Ce n’est pas pour rien qu’il est souvent qualifié d’artiste total, même s’il s’amuse à rejeter ce genre d’étiquette avec une fausse modestie très japonaise.
L’héritage de Takeshi Kitano dans le paysage cinématographique mondial
Aujourd’hui, Takeshi Kitano est l’un des rares réalisateurs japonais dont le nom est connu au-delà des cercles de cinéphiles. Son influence se retrouve chez des cinéastes occidentaux comme Quentin Tarantino, Jim Jarmusch ou Gaspar Noé, qui saluent tous son style radical et sa vision singulière de la violence.
Mais Kitano, lui, semble se soucier assez peu de son héritage. Il avance à son rythme, parfois en retrait, parfois en pleine lumière, préférant toujours la marge au consensus. C’est probablement ce qui le rend aussi fascinant : il ne cherche ni à plaire, ni à choquer, seulement à dire ce qu’il a à dire, avec son propre langage.
Et puis entre deux films contemplatifs, il pourra toujours réapparaître en costume ridicule dans un jeu télévisé absurde. Parce que Takeshi Kitano, c’est aussi ça : un pied dans l’art, l’autre dans le chaos.
Filmographie
11 sur 11 films