Steve McQueen

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Détails

Âge
Nationalité
Filmographie 2 films
Récompenses 10 nominations et 5 victoires

Biographie

Steve McQueen, né le 9 octobre 1969 à Londres (Angleterre), est un cinéaste, artiste visuel et scénariste britannique dont la carrière oscille entre art contemporain et cinéma, avec un même fil conducteur : une exploration frontale de la condition humaine, de la mémoire collective et des rapports de pouvoir.

Issu d’une famille d’origine grenadienne et trinidadienne, Steve McQueen grandit dans la banlieue ouest de Londres, à Ealing, et se forme dans plusieurs écoles d’art avant de s’installer comme artiste plasticien, bien avant de passer derrière la caméra pour le cinéma.

Pas de confusion possible avec son homonyme américain, l’icône du cinéma des années 1960. Steve McQueen, le réalisateur, s’impose dans un registre radicalement différent, moins porté sur la vitesse ou les courses-poursuites, et plus ancré dans l’analyse sociale, la densité narrative et une esthétique souvent austère mais toujours saisissante.

Des débuts dans l’art vidéo : la genèse d’un langage visuel

Avant de devenir un réalisateur reconnu du grand public, Steve McQueen s’est d’abord fait un nom dans le monde de l’art contemporain. Dès les années 1990, il réalise des installations vidéo en noir et blanc, expérimentales, minimalistes, exposées dans des galeries internationales. Cette approche plastique influence durablement son cinéma : chez Steve McQueen, chaque plan semble pensé comme une œuvre visuelle, à la fois esthétique et politique.

En 1999, il remporte le prestigieux Turner Prize, ce qui le propulse comme l’un des artistes les plus en vue du Royaume-Uni. Son rapport au corps, à l’espace, au temps long, se retrouvera dans ses longs-métrages, avec cette volonté constante de faire ressentir plus que de démontrer.

Hunger : un premier film choc sur la résistance physique et politique

Le premier long-métrage de Steve McQueen, Hunger, sort en 2008. C’est une œuvre coup de poing, austère et saisissante, qui raconte la grève de la faim de Bobby Sands, militant de l’IRA emprisonné dans les années 1980. Le film impressionne par son réalisme viscéral, sa rigueur formelle, et une séquence mémorable en plan fixe de plus de 15 minutes, véritable prouesse narrative.

Steve McQueen y retrouve Michael Fassbender, acteur fétiche qu’il dirigera à plusieurs reprises. Hunger reçoit la Caméra d’or à Cannes, signalant l’émergence d’un nouveau cinéaste au style affirmé, qui ne cherche jamais à arrondir les angles.

Shame et 12 Years a Slave : désir, douleur et mémoire

Avec Shame (2011), Steve McQueen explore l’addiction sexuelle d’un trentenaire new-yorkais. Le film, froid et clinique, interroge le vide affectif contemporain, avec une mise en scène épurée et une bande sonore pesante. Là encore, Michael Fassbender livre une performance intense, incarnant la souffrance intérieure sans discours explicatif.

Mais c’est avec 12 Years a Slave, en 2013, que Steve McQueen obtient une reconnaissance mondiale. Adapté des mémoires de Solomon Northup, homme noir libre kidnappé et réduit en esclavage au XIXe siècle, le film mêle rigueur historique et puissance émotionnelle. Il remporte l’Oscar du meilleur film en 2014, faisant de Steve McQueen le premier réalisateur noir à recevoir cette distinction. Sans pathos mais avec une intensité brute, 12 Years a Slave impose son auteur comme une voix incontournable sur les questions raciales et historiques.

Widows : un thriller social déguisé en film de braquage

En 2018, Steve McQueen s’essaie à un genre plus populaire avec Widows, un thriller centré sur un groupe de femmes reprenant le flambeau d’un casse raté. Mais attention aux apparences. Sous ses airs de film de genre, Widows est une critique acérée des inégalités de pouvoir, du racisme systémique, et des jeux d’influence politiques. Une fois encore, Steve McQueen ne déroge pas à ses thématiques de prédilection, même lorsqu’il joue avec les codes hollywoodiens.

Ce film marque aussi une certaine ouverture dans son style : le montage est plus nerveux, les dialogues plus nombreux, mais la vision du cinéaste reste intacte, imprégnée d’un réalisme mordant.

Small Axe : une fresque télévisuelle sur l’histoire noire britannique

En 2020, Steve McQueen revient au format sériel avec Small Axe, une anthologie de cinq films diffusés à la télévision britannique. Chaque épisode se concentre sur une histoire distincte de la communauté caribéenne de Londres, entre les années 1960 et 1980. Le projet est ambitieux, tant sur le plan historique que formel.

On y retrouve Mangrove, centré sur un procès politique emblématique, Lovers Rock, immersion musicale et sensorielle dans une soirée house party, ou encore Red, White and Blue, inspiré de la vie de Leroy Logan, policier noir confronté à un racisme institutionnel. Avec Small Axe, Steve McQueen construit une véritable mémoire collective filmée, mettant en lumière des récits souvent ignorés dans les représentations culturelles britanniques.

Filmographie

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