Paul Naschy

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Détails

Autre nom Jacinto Molina Álvarez
Âge
Nationalité
Filmographie 12 films

Biographie

Paul Naschy est né le 6 septembre 1934 à Madrid (Espagne) et s’est éteint dans cette même ville le 30 novembre 2009. Acteur, scénariste, réalisateur et icône du cinéma de genre, Paul Naschy est resté pendant plusieurs décennies une figure incontournable du fantastique européen, en particulier dans un pays où l’horreur n’a jamais été un genre dominant.

Il est souvent présenté comme le « Lon Chaney espagnol », surnom bien mérité tant il a incarné, avec passion et acharnement, toute une galerie de monstres et de créatures surnaturelles. Pour les amateurs de l’étrange, des vampires solitaires, des loups-garous en crise ou des savants fous aux expériences douteuses, Paul Naschy est bien plus qu’un nom culte : c’est une institution.

De culturiste à créateur de mythologies

Avant de devenir un visage récurrent du cinéma de genre, Paul Naschy mène une première vie très éloignée des plateaux de tournage : il est culturiste, passionné par le sport et les arts martiaux. Ce passé sportif forgera sa carrure impressionnante, mais aussi sa rigueur dans le travail. Son physique lui ouvre les portes du cinéma à la fin des années 60, époque où l’Espagne commence timidement à s’ouvrir à des genres plus audacieux que le drame historique ou la comédie populaire.

C’est en 1968 que Paul Naschy entre réellement dans la légende, avec La marca del Hombre Lobo, où il interprète pour la première fois Waldemar Daninsky, un loup-garou tragique. Ce personnage, qu’il reprendra dans au moins douze films (voire plus, selon les recoupements), devient le symbole de son œuvre : une créature en conflit, plus humaine que monstrueuse, traversée par la malédiction et la solitude.

Ce rôle de loup-garou, Paul Naschy ne le joue pas seulement, il l’écrit. Il est scénariste de la plupart de ses films, souvent sous pseudonyme, et s’implique dans tous les aspects de la production. Une démarche rare à l’époque, et encore plus dans le cinéma d’horreur, longtemps considéré comme un genre « mineur ». Chez Paul Naschy, rien de mineur : tout est fait maison, avec conviction, parfois avec peu de moyens, mais toujours avec sérieux.

Les années 70 : l’âge d’or du fantastique hispanique

Les années 70 marquent le sommet de la carrière de Paul Naschy. Il enchaîne les tournages à un rythme effréné, dans des films aux titres aussi évocateurs que La noche de Walpurgis, La rebelión de las muertas, El retorno del Hombre Lobo ou encore Inquisición. On y retrouve des vampires, des goules, des sorcières, des zombies et autres prêtres corrompus. Le tout servi par une mise en scène baroque, une musique parfois envahissante, des décors en carton, mais aussi une vraie vision, ancrée dans le gothique, le romantisme noir et l’influence des classiques de la Hammer britannique.

À cette époque, Paul Naschy devient l’un des rares réalisateurs-acteurs-scénaristes à incarner l’intégralité d’un univers fantastique local. Il est la figure de proue d’un cinéma espagnol de genre, certes modeste, mais libre, à une période où la censure franquiste commence à se relâcher. Ses films sont souvent tournés avec des budgets dérisoires, mais leur succès populaire, notamment à l’export, leur donne une certaine viabilité.

Et il faut bien l’avouer : malgré leurs imperfections techniques, les œuvres de Paul Naschy dégagent une authenticité rare. Il ne cherche pas le choc facile ou l’effet gore gratuit (même s’il ne les évite pas toujours), mais propose des histoires souvent mélancoliques, où le monstre est moins effrayant que tragique.

Déclin, échecs et retour tardif

Comme souvent avec les carrières artisanales, le succès de Paul Naschy n’est pas éternel. Les années 80 voient une baisse de régime : les goûts du public évoluent, les budgets se réduisent, et les producteurs locaux s’intéressent davantage à la comédie ou aux thrillers urbains. Son film Operación Mantis (1984), produit par sa propre société, est un échec commercial sévère qui laisse des traces.

À cela s’ajoute un grave problème de santé : Paul Naschy subit une opération à cœur ouvert dans les années 90. Pendant un temps, il disparaît presque des radars.

Mais le genre a la mémoire tenace. À la fin des années 90 et au début des années 2000, une nouvelle génération de cinéphiles et de réalisateurs redécouvre son œuvre. Il est invité dans des festivals, célébré comme l’un des pionniers du cinéma fantastique ibérique. En 2001, il reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts du gouvernement espagnol, reconnaissance officielle pour un artiste longtemps resté en marge.

Jusqu’à sa mort en 2009, Paul Naschy continue d’apparaître dans des films indépendants et cultive l’image d’un vieux loup fidèle à ses racines, fier de ses monstres et de ses maquillages en latex.

Héritage d’un cinéma d’auteur… de monstres

Il serait tentant de réduire Paul Naschy à ses maquillages, à ses poitrines velues de loup-garou et à ses décors gothiques parfois brinquebalants. Mais ce serait ignorer tout ce que son œuvre représente : un cinéma de genre profondément personnel, fait avec les moyens du bord mais avec une volonté inébranlable. Il a écrit, joué et parfois réalisé plus de cent films, dans lesquels il a incarné des momies, des vampires, des démons, des savants fous, des bourreaux de l’Inquisition… souvent avec la même intensité que s’il jouait Hamlet.

Dans un pays où le cinéma d’horreur a longtemps été marginalisé, Paul Naschy a ouvert une brèche, posé des jalons. Il a prouvé qu’on pouvait aimer les monstres et les incarner avec sérieux, même sans les moyens d’Hollywood.

Aujourd’hui encore, ses films sont réédités, étudiés, analysés. Et son personnage de Waldemar Daninsky reste l’un des rares monstres mythologiques créés en Europe continentale dans le 20ᵉ siècle. Ce n’est pas rien.

Et si vous ne le connaissez pas encore, un conseil : commencez par La noche de Walpurgis ou El retorno del Hombre Lobo. Laissez-vous entraîner dans l’univers baroque de Paul Naschy. Vous y croiserez des créatures bien plus humaines qu’il n’y paraît.

Filmographie

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