Mathieu Kassovitz

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Détails

Âge
Nationalité
Famille
Filmographie 11 films
Récompense 1 nomination et 1 victoire

Biographie

Né le 3 août 1967 à Paris (France), Mathieu Kassovitz est un acteur, réalisateur, producteur et scénariste français, reconnu à la fois pour ses performances intenses à l’écran et pour son regard sans concession sur la société. Révélé dans les années 90 par son film coup de poing La Haine, il est souvent décrit comme l’un des rares cinéastes français à marier avec aisance cinéma d’auteur, cinéma engagé et ambition de genre.

Mathieu Kassovitz, c’est un parcours fougueux, parfois chaotique, mais toujours traversé par la même exigence : celle de dire quelque chose de fort, quitte à déranger. Inclassable et parfois imprévisible, il reste une figure centrale du cinéma français contemporain, aussi à l’aise derrière la caméra que devant.

Une enfance de cinéma, un début précoce

Fils du réalisateur Peter Kassovitz (hongrois) et d’une monteuse française, Mathieu Kassovitz grandit dans un environnement artistique. Très jeune, il se tourne vers la réalisation, d’abord par le court-métrage, puis en passant rapidement au long. Il commence aussi une carrière d’acteur, avec un physique juvénile et une présence nerveuse, qui le rend immédiatement identifiable.

Il signe dès 1993 Métisse, comédie sociale déjà portée par les thèmes qui l’obséderont : l’identité, la mixité, les tensions sociales, le racisme latent, le tout sur fond de dialogues vifs et de mise en scène fluide. Mais c’est en 1995 qu’il entre dans l’histoire du cinéma français.

La Haine : le choc fondateur

Sorti en 1995, La Haine est un coup de massue cinématographique. Tourné en noir et blanc, avec Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, le film suit trois jeunes de banlieue au lendemain d’une bavure policière. Avec un style visuel acéré, un montage nerveux et une bande-son iconique, Kassovitz capte l’urgence d’une génération oubliée et traduit la violence sourde d’un pays qui regarde ailleurs.

La Haine remporte le Prix de la mise en scène à Cannes, devient un phénomène culturel, et inscrit immédiatement Mathieu Kassovitz parmi les grands cinéastes français, à seulement 27 ans. Le film reste, encore aujourd’hui, une référence incontournable du cinéma social, étudié dans les lycées, cité dans les débats, et souvent jugé plus actuel que jamais.

Une carrière de réalisateur entre ambitions et frustrations

Après La Haine, Kassovitz refuse de s’enfermer dans un rôle de "porte-parole des banlieues". Il tourne Assassin(s) (1997), film noir et radical, avec Michel Serrault, qui divise. Il tente ensuite le thriller psychologique avec Les Rivières pourpres (2000), avec Jean Reno et Vincent Cassel : un succès commercial, mais une expérience qu’il jugera lui-même artistiquement frustrante, en raison des contraintes de production.

Il enchaîne avec Gothika (2003), production américaine avec Halle Berry et Robert Downey Jr., et un budget conséquent. Là encore, l’expérience hollywoodienne lui laisse un goût amer : trop de contrôle, trop peu de liberté.

Il revient alors à des projets plus personnels, comme Babylon A.D. (2008), ambitieuse dystopie de science-fiction avec Vin Diesel, qui tourne à la catastrophe industrielle suite à un tournage chaotique. Mathieu Kassovitz ne mâchera pas ses mots sur la production : un échec douloureux, mais symptomatique d’un cinéaste qui refuse le compromis mou.

L’acteur, entre tension et profondeur

En parallèle, Mathieu Kassovitz développe une carrière d’acteur solide, marquée par des performances intenses, souvent habitées. Il est le héros du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001), où il campe Nino Quincampoix, amoureux rêveur et discret, contre-emploi bienvenu à son image de cinéaste en colère.

Il brille aussi dans des rôles plus sombres : un résistant silencieux dans Amen. (2002) de Costa-Gavras, un trader cynique dans L’Ordre et la Morale (2011) (film qu’il réalise aussi, inspiré de la prise d’otages d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie), ou encore un flic froid dans la série Le Bureau des Légendes, où il campe Guillaume Debailly alias "Malotru", l’un de ses rôles les plus subtils et maîtrisés.

Sa force en tant qu’acteur ? Une tension intérieure palpable, une économie de jeu, un regard toujours porteur de sens. Il ne cabotine jamais, mais impose une densité magnétique, souvent inquiète, parfois brûlante.

Une voix qui dérange, un homme de convictions

Mathieu Kassovitz ne se contente pas de jouer ou de filmer : il parle, il commente, il critique, parfois de manière tranchante, ce qui lui vaut aussi des polémiques. Il prend position sur des sujets brûlants : violences policières, colonialisme, politique française, liberté d’expression, souvent avec virulence. Il dérange autant qu’il stimule, et refuse les postures consensuelles.

Son franc-parler lui attire des critiques… mais aussi le respect d’une partie du public pour sa cohérence et sa fidélité à ses idées. Il n’a jamais cherché à être aimé à tout prix. Ce qu’il veut : que le cinéma serve à dire, à bousculer, à révéler.

Mathieu Kassovitz : feu sous contrôle, regard aiguisé

Mathieu Kassovitz, c’est un parcours d’artiste intense, plein de virages, de tentatives avortées, de coups d’éclat et de doutes. Il n’a pas toujours eu les films qu’il méritait. Il n’a pas toujours été compris. Mais il reste un pilier d’un certain cinéma français : lucide, inquiet, engagé, sans jamais céder à la facilité.

À la fois acteur puissant, réalisateur audacieux, passeur de récits bruts, il incarne cette figure rare : celle du créateur qui prend des risques, qui échoue parfois, mais qui ne renonce jamais à son exigence.

Filmographie

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