Marit Allen
- Costumes et maquillages
Détails
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Nationalité |
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| Filmographie | 5 films |
| Récompenses | 3 nominations et 1 victoire |
Biographie
Marit Allen est née le 17 septembre 1941 à Cheshire, en Angleterre, et s’est imposée au fil des décennies comme l’une des costumières les plus influentes du cinéma anglo-saxon. Avant de signer les costumes de certains des plus grands films hollywoodiens, Marit Allen a d’abord été une figure marquante du journalisme de mode, avant de passer derrière la caméra, enfin juste à côté, en habillant les personnages avec autant de précision que de flair créatif. Sa carrière est à la croisée des chemins entre haute couture, culture pop, et récits cinématographiques forts.
Du journalisme à la création : un parcours atypique
Avant même de toucher au costume de cinéma, Marit Allen fait ses armes dans le monde de la mode. Elle débute comme journaliste chez Queen, avant de devenir rédactrice mode pour le célèbre British Vogue dans les années 1960. Elle y lance la rubrique "Young Ideas", qui met en avant les jeunes stylistes britanniques de l’époque, à commencer par Mary Quant ou Jean Muir. Elle contribue ainsi à l’explosion de la mode londonienne des sixties, avec un œil déjà très affûté pour le style, la silhouette et ce petit détail qui change tout.
Mais le simple fait de mettre en valeur les vêtements ne suffit pas à Marit Allen. Elle veut les faire vivre, raconter une histoire à travers eux. Ce glissement naturel vers le cinéma intervient dans les années 70, lorsqu’elle commence à travailler comme costumière pour des productions anglaises, avant de rejoindre peu à peu des films de plus grande envergure. Et très vite, son double regard de styliste et de conteuse va faire la différence.
Une filmographie éclectique et prestigieuse
La carrière cinématographique de Marit Allen prend une ampleur internationale dans les années 90 et 2000, avec des collaborations sur des films très différents, mais toujours exigeants en termes de costumes. Parmi les plus notables, on retrouve Eyes Wide Shut (1999) de Stanley Kubrick, où elle crée des tenues à la fois réalistes et symboliquement chargées pour un univers aussi sensuel que mystérieux.
Elle travaille également sur Hulk (2003) d’Ang Lee, puis à nouveau avec lui sur Brokeback Mountain (2005). Dans ce dernier film, ses costumes sont volontairement discrets, terre-à-terre, mais essentiels pour ancrer les personnages dans leur époque et leur milieu. C’est une démonstration subtile de son talent : quand le costume n’est pas là pour briller, mais pour servir l’histoire de l’intérieur.
Son travail sur La Môme (2007), biopic d’Édith Piaf réalisé par Olivier Dahan, lui vaut une nomination à l’Oscar des meilleurs costumes. Là, elle recrée des décennies de styles français avec une minutie impressionnante, tout en respectant la personnalité tourmentée de la chanteuse. Le défi est de taille, mais Marit Allen parvient à éviter le piège du déguisement, en capturant l’essence des époques traversées.
Une vision du costume comme outil narratif
Chez Marit Allen, le costume n’est jamais un simple habillage. Il est le prolongement du personnage, un moyen de traduire visuellement ses conflits internes, ses transformations, son statut social ou son rapport au monde. Elle s’est toujours démarquée par cette capacité à allier réalisme et précision historique à une vraie sensibilité esthétique.
Son approche, profondément intuitive mais solidement documentée, s’appuie autant sur les recherches rigoureuses que sur l’observation fine des comportements. Un personnage mal à l’aise, un autre qui tente de se camoufler, ou au contraire de briller… tout cela, Marit Allen le transcrivait dans une coupe de veste, un tissu froissé ou un accessoire symbolique.
Elle ne cherchait pas à créer des "looks", mais des êtres humains habillés avec sens, dans le cadre d’un récit cohérent. Cette démarche la distingue de nombreuses costumières qui privilégient parfois l’esthétique pure au détriment de la dramaturgie.
Une disparition prématurée, mais un héritage durable
Marit Allen est décédée le 26 novembre 2007, à l’âge de 66 ans, des suites d’une hémorragie cérébrale. Sa disparition a laissé un vide dans le monde du costume cinéma, tant son talent et son expérience étaient devenus des références. Elle travaillait encore sur plusieurs projets au moment de son décès, et aurait sans doute continué à enrichir de nombreux univers filmiques par sa vision singulière.
Elle laisse derrière elle une œuvre discrète mais influente, faite de silhouettes qui ne crient jamais mais racontent tout. Son parcours, passant des pages glacées de Vogue aux grands écrans de Hollywood, incarne cette idée que la mode et le costume peuvent être porteurs de récits, d’émotions, et parfois, de vérités invisibles.
Dans un milieu parfois dominé par l’image tapageuse ou l’obsession du glamour, Marit Allen aura su imposer une autre voie : celle de la justesse, du détail, et de l’élégance pensée comme un langage plutôt qu’un effet.