Judith Godrèche
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Détails
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| Filmographie | 5 films |
Biographie
Judith Godrèche, née le 23 mars 1972 à Paris (France), est une actrice, réalisatrice et écrivaine française dont la carrière, entamée très jeune, s’est construite entre cinéma d’auteur, projets personnels et prises de parole engagées. Avec une trajectoire marquée par l’indépendance artistique, elle alterne depuis plus de trois décennies entre rôles emblématiques, retraits médiatiques et retours remarqués, tant en France qu’à l’international.
Une carrière commencée sous les projecteurs dès l’adolescence
Judith Godrèche débute très tôt dans le milieu du cinéma. À 14 ans, elle est repérée pour Les mendiants de Benoît Jacquot, avec qui elle tournera plusieurs fois par la suite. Mais c’est en 1989, avec le film La fille de 15 ans de Jacques Doillon, qu’elle se retrouve projetée sur le devant de la scène. Elle y incarne une adolescente dans une relation trouble avec un homme plus âgé, un rôle qui, avec le recul, cristallisera bien des débats sur la représentation des jeunes filles au cinéma.
À cette époque, Judith Godrèche devient l’une des figures montantes du cinéma français, entre fragilité assumée et charme cérébral, et commence à attirer l’attention des plus grands réalisateurs de l’hexagone.
Une actrice de cinéma d’auteur… mais pas seulement
Au fil des années 1990, elle tourne avec Jacques Doillon, Olivier Assayas, Patrice Leconte ou encore Claude Miller, dans des films exigeants et souvent centrés sur des personnages féminins à la fois lucides et énigmatiques. Elle est de ces actrices qui peuvent incarner l’intellectuelle, l'amoureuse, la femme désillusionnée ou la rêveuse ironique, sans jamais tomber dans la caricature.
Son rôle dans Ridicule (1996), nommé aux Oscars et réalisé par Patrice Leconte, lui permet de se faire remarquer à l’étranger. Quelques années plus tard, elle tente une incursion à Hollywood, apparaissant notamment dans The Man in the Iron Mask (1998) aux côtés de Leonardo DiCaprio, mais cette parenthèse américaine reste ponctuelle. Elle préfère clairement le cinéma français, ses zones grises et ses dialogues plus littéraires.
Une voix libre et une envie de créer autrement
Au début des années 2000, Judith Godrèche entame un virage plus personnel. Elle publie un roman (Point de côté, 2002), écrit des scénarios, réalise des courts puis des longs-métrages, dont Toutes les filles pleurent (2010), film musical dans lequel elle joue, écrit et chante. L’accueil critique est mitigé, mais elle revendique une démarche artistique indépendante, loin des formats calibrés.
Parallèlement, elle s’éloigne des plateaux de tournage traditionnels pour se consacrer à l’écriture, à ses enfants, et à une réflexion plus large sur la place des femmes dans le cinéma. C’est justement ce sujet qu’elle abordera de manière frontale quelques années plus tard.
Une prise de parole forte dans le sillage de #MeToo
En 2017, dans le contexte du mouvement #MeToo, Judith Godrèche prend la parole publiquement, révélant avoir été victime de violences sexuelles alors qu’elle était mineure, notamment dans le cadre de ses débuts au cinéma. Sa déclaration, d’abord isolée en France, fait écho à d’autres récits, et contribue à libérer une parole longtemps étouffée dans le milieu du cinéma français.
En 2024, elle réalise un documentaire très personnel, présenté à la Berlinale, où elle interroge son propre passé d’adolescente actrice et donne la parole à d’autres jeunes femmes. Ce film confirme son engagement profond en faveur d’une relecture critique de l’histoire du cinéma français, et d’un accompagnement des générations futures.
Ce tournant n’a rien d’opportuniste : il s’inscrit dans une continuité, celle d’une femme qui n’a jamais cessé de réfléchir sur son métier, sur l’image, sur le regard des autres, et sur la place laissée aux femmes dans un système souvent fait pour les façonner, ou les effacer.