Henry Gibson
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Détails
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| Filmographie | 5 films |
Biographie
Henry Gibson, de son vrai nom James Bateman, est né le 21 septembre 1935 à Germantown, un quartier de Philadelphie, en Pennsylvanie (États-Unis). Il est décédé le 14 septembre 2009 à Malibu, en Californie, à l’âge de 73 ans.
Figure atypique du cinéma et de la télévision américaine, Henry Gibson s’est imposé au fil des décennies comme un acteur de composition, aussi à l’aise dans la parodie que dans les rôles glaçants, et toujours prêt à surprendre par son détachement comique ou sa froideur subtile.
Sa carrière est un joyeux paradoxe : il a incarné des poètes farfelus, des ultraconservateurs effrayants, des personnages secondaires presque invisibles... mais toujours inoubliables. Henry Gibson appartient à cette génération d’acteurs américains capables de donner du relief à la marge, sans jamais voler la vedette — sauf quand il le faisait exprès.
Des débuts comiques sous le masque d’un poète minimaliste
Avant d’adopter le nom de Henry Gibson, il étudie à la Catholic University of America, puis s’oriente très tôt vers le théâtre et l’écriture. C’est dans les années 1950 et 1960 qu’il développe un personnage de scène satirique, une sorte de poète volontairement ridicule, lisant ses vers avec le plus grand sérieux du monde. L’ironie ? Le personnage s’appelle Henry Gibson, clin d’œil absurde à Henrik Ibsen. Le ton est donné.
Ce double comique (le nom et le jeu) devient rapidement sa marque de fabrique. Il participe à des shows télévisés comme The Tonight Show, puis devient une figure culte de Rowan & Martin’s Laugh-In dans les années 60, où il livre ses « poèmes » face caméra, impassible, pendant que l’absurde fait son œuvre. Henry Gibson, à sa façon, invente un humour pince-sans-rire très en avance sur son temps, une sorte de deadpan à la sauce americana.
Un acteur de second plan qui transforme l’arrière-plan en terrain de jeu
Malgré son image comique, Henry Gibson va démontrer qu’il est bien plus qu’un amuseur à costume vintage. Il entame une carrière d’acteur de second plan qui va le mener dans quelques-unes des œuvres les plus importantes du cinéma américain des années 1970 et 1980. Et il faut bien l’admettre : il a le chic pour voler une scène en trois répliques, souvent grâce à une diction parfaite, un regard mi-innocent mi-suspect, et cette capacité à rendre le banal un peu étrange.
En 1975, il joue dans Nashville de Robert Altman, où il interprète Haven Hamilton, une star de la country à la fois comique et dérangeante. Un rôle qui lui vaut une nomination aux Golden Globes, et qui montre toute la complexité du regard que Henry Gibson porte sur l’Amérique conservatrice. Il incarne sans caricature un certain malaise idéologique, avec douceur et acidité mêlées.
Il enchaîne ensuite avec The Blues Brothers (1980), où il incarne un leader néo-nazi, toujours avec cette même ambiguïté entre ridicule et menace. On peut difficilement imaginer un autre acteur jouer un tel rôle sans tomber dans la caricature ou le pathétique. Henry Gibson, lui, y injecte juste ce qu’il faut de grotesque froid pour que ça fonctionne.
Une voix, une allure et une précision rare
La force de Henry Gibson, c’est aussi sa voix parfaitement calibrée, son débit posé, et son physique discret mais expressif. Ni grand, ni très charismatique au sens hollywoodien du terme, il ressemble souvent à un comptable de banlieue. Et c’est justement ce décalage entre son apparence sage et la nature étrange ou menaçante de ses personnages qui rend son jeu si marquant.
Il apparaît dans des séries télévisées aussi variées que The Love Boat, Fantasy Island, Charmed, Boston Legal ou Star Trek: Deep Space Nine. Même dans ces rôles mineurs, Henry Gibson parvient à créer un personnage cohérent, vivant, souvent un peu décalé. Son style, reconnaissable entre mille, repose sur une économie de gestes, un art de l’interprétation millimétrée et un vrai respect du ton de chaque œuvre.
Il est aussi une voix très active dans l’animation, doublant des personnages dans Rugrats, King of the Hill, ou The Grim Adventures of Billy & Mandy. Sa voix feutrée, un brin enfantine mais toujours ironique, devient une signature auditive aussi reconnaissable que son regard.
Un héritage subtil mais tenace dans la culture pop
Henry Gibson ne fait pas partie de ces stars dont le nom fait la une. Il fait partie d’un club bien plus rare : celui des acteurs indispensables au bon fonctionnement d’un film, même quand ils ne sont là que pour quelques scènes. Il incarne la rigueur du second rôle à l’américaine : toujours prêt, toujours juste, toujours mémorable.
Son héritage se ressent dans une génération d’acteurs comiques et dramatiques qui ont appris à jouer avec les silences, les absurdités du langage, les fausses politesses. Il a aussi laissé une empreinte dans la manière d’écrire certains personnages secondaires, ceux qu’on croit inoffensifs jusqu’au moment où ils révèlent toute leur complexité.
Disparu une semaine avant son 74e anniversaire, Henry Gibson laisse derrière lui une galerie de personnages aussi inattendus que nécessaires, dans des films et séries qui, souvent, n’auraient pas eu le même ton sans lui.