Bill Nunn
- Casting
Détails
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Nationalité |
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| Filmographie | 11 films |
Biographie
Bill Nunn, né le 20 octobre 1953 à Pittsburgh, en Pennsylvanie (États-Unis), et décédé le 24 septembre 2016 à l’âge de 62 ans, est un acteur américain dont le visage et la voix ont profondément marqué le cinéma des années 1980 et 1990.
Que ce soit dans le rôle inoubliable de Radio Raheem dans Do the Right Thing ou en tant que soutien fidèle de Peter Parker dans les Spider-Man de Sam Raimi, Bill Nunn a toujours su imposer une présence calme, puissante et profondément humaine, même dans les rôles secondaires. Il a incarné, tout au long de sa carrière, des personnages forts, souvent silencieux, parfois brutaux, mais toujours empreints de dignité. Acteur de théâtre, de télévision et de cinéma, il laisse une œuvre discrète mais essentielle, jalonnée de rôles engagés, de collaborations fidèles et de performances mémorables.
Une jeunesse entre Pittsburgh et les planches
William Goldwyn Nunn III, de son nom complet, est issu d’une famille influente à Pittsburgh. Son père, Bill Nunn Jr., était un journaliste sportif et recruteur légendaire pour les Pittsburgh Steelers, impliqué dans l’ouverture de la NFL aux joueurs afro-américains. Cette filiation place Bill Nunn dans un environnement tourné vers la réussite, l’engagement et la culture.
Il fréquente l’école secondaire Schenley à Pittsburgh, puis l’université Morehouse College à Atlanta, où il se lie d’amitié avec un autre futur géant : Spike Lee. C’est cette relation qui deviendra déterminante pour sa carrière, tant les deux hommes resteront associés sur plusieurs projets devenus des classiques du cinéma afro-américain.
Radio Raheem, un rôle emblématique
C’est en 1989 que Bill Nunn atteint une notoriété durable grâce à Do the Right Thing de Spike Lee, un film devenu emblématique pour sa dénonciation des tensions raciales aux États-Unis. Il y incarne Radio Raheem, un géant silencieux qui porte autour du cou des bagues "LOVE" et "HATE", et qui fait résonner Public Enemy sur son boombox, sans interruption.
Le personnage, à la fois imposant, pacifique et chargé de colère rentrée, devient l’élément déclencheur du drame dans le film. Son assassinat par la police, étouffé dans une scène insoutenable, reste l’un des moments les plus puissants et prémonitoires du cinéma américain contemporain. Radio Raheem, avec ses mots simples et son regard fixe, incarne une tension raciale qui n’a rien perdu de son actualité. Et Bill Nunn, dans cette performance à la fois sobre et dévastatrice, entre dans la légende du cinéma engagé.
Ce rôle fait de lui une figure culte, non seulement dans la filmographie de Spike Lee, mais aussi dans toute une génération d’acteurs noirs américains. Il reviendra d’ailleurs chez Lee dans Mo' Better Blues (1990) et He Got Game (1998), à chaque fois dans des rôles secondaires mais marquants.
Une carrière dans l’ombre, mais jamais effacée
Après Do the Right Thing, Bill Nunn multiplie les apparitions dans des films de tous genres. On le retrouve dans New Jack City (1991), où il joue un flic tenace dans la lutte contre le crack à Harlem, ou dans Sister Act (1992) aux côtés de Whoopi Goldberg, dans un registre plus léger mais toujours empreint de bienveillance.
Sa capacité à incarner des figures d’autorité calmes mais solides, policiers, enseignants, mentors, en fait un acteur très demandé dans les années 1990 et 2000. Il apparaît aussi dans Regarding Henry, Dangerous Heart, Candyman: Farewell to the Flesh, ou encore Runaway Jury. À chaque fois, il insuffle à ses personnages un mélange de présence physique et de douceur inattendue.
Et bien sûr, il reste mémorable dans le rôle de Joseph "Robbie" Robertson, le rédacteur en chef adjoint du Daily Bugle, dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi (2002–2007). Face au tempétueux J. Jonah Jameson, le personnage de Robbie offre un contrepoint éthique et discret, fidèle à l’esprit du personnage tel qu’écrit dans les comics. Ce rôle contribue à faire découvrir Bill Nunn à une nouvelle génération de spectateurs.
Un retour aux sources et un engagement local
Plus tard dans sa vie, Bill Nunn retourne dans sa ville natale de Pittsburgh, où il s’investit dans la formation théâtrale. Il fonde le Bill Nunn Theatre Outreach Project, un programme destiné à soutenir les jeunes talents issus de milieux défavorisés, notamment dans les lycées publics de la ville.
Loin de Hollywood, il privilégie alors l’enseignement, la transmission, et reste actif dans le théâtre local. Il continue de jouer, à la télévision ou dans des films indépendants, mais choisit ses projets avec soin, toujours fidèle à une certaine forme d’intégrité artistique.
Un acteur discret, une voix nécessaire
Bill Nunn n’a jamais cherché à voler la vedette. Il ne s’est jamais imposé par le scandale ou la médiatisation. Mais sur l’écran, sa présence était magnétique. Il savait faire passer beaucoup avec très peu : un regard, un silence, un mouvement de tête. C’est cela, peut-être, qui a fait de lui un acteur si respecté : sa capacité à incarner l’homme ordinaire avec une profondeur extraordinaire.
Sa mort en 2016, des suites d’un cancer, a suscité de nombreuses hommages, notamment de la part de Spike Lee, qui a salué "un frère", un acteur fidèle et un homme généreux. Et parmi tous les hommages, c’est souvent Radio Raheem qui revient, preuve que ce rôle, et l’interprétation qu’en a donnée Bill Nunn, continue de résonner avec force.
Il ne cherchait pas à être une star, et c’est peut-être pour cela qu’il en est devenu une, à sa manière : inoubliable, même en silence.