Benicio del Toro
- Casting
Détails
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Nationalités |
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| Filmographie | 19 films |
| Récompenses | 7 nominations et 4 victoires |
Biographie
Benicio Monserrate Rafael del Toro Sánchez, né le 19 février 1967 à San Germán, Porto Rico, est un acteur et producteur américano-portoricain connu pour son intensité, son regard perçant et sa capacité unique à incarner des personnages troubles, souvent en marge, toujours mémorables. Oscillant entre cinéma d’auteur et grosses productions, Benicio del Toro s’est imposé comme l’un des acteurs les plus singuliers de sa génération, autant à Hollywood qu’au sein du cinéma indépendant international.
Un parcours atypique, entre art et instinct
Issu d’une famille d’avocats, Benicio del Toro grandit en grande partie aux États-Unis, dans la région de Pennsylvanie. Il commence des études d’économie avant de se tourner, presque par accident, vers le théâtre. Il étudie l’art dramatique à Stella Adler Academy à Los Angeles, où il développe une approche instinctive et immersive du jeu.
Ses premiers rôles à la fin des années 1980 sont discrets — souvent dans des séries télévisées ou des films d’action — mais son allure singulière, sa diction traînante et son charisme animal attirent déjà l’attention. Il est rapidement remarqué dans Licence to Kill (1989), où il incarne un jeune tueur sadique à seulement 21 ans, devenant le plus jeune acteur à jouer un méchant dans un James Bond.
The Usual Suspects, ou l’art de voler la scène
C’est en 1995 que Benicio del Toro explose littéralement avec The Usual Suspects de Bryan Singer. Il y incarne Fred Fenster, un truand au débit incompréhensible et à la démarche fatiguée. Peu présent à l’écran, il vole pourtant la vedette grâce à une performance aussi loufoque que magnétique. Le rôle devient culte, et le propulse sur le devant de la scène.
À partir de là, sa carrière s’oriente vers des rôles de plus en plus complexes, souvent liés à la criminalité, à la guerre ou à la justice, mais toujours abordés avec une profondeur psychologique rare.
Un Oscar pour Traffic et une reconnaissance critique internationale
En 2000, il livre une prestation remarquable dans Traffic de Steven Soderbergh, où il joue Javier Rodriguez, policier mexicain intègre pris dans la tourmente de la lutte contre la drogue. Le rôle, en grande partie en espagnol, lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle, ainsi qu’un Golden Globe et un BAFTA. Sa performance, d’une sobriété saisissante, confirme qu’il est capable de porter un film sans bruit, mais avec une gravité implacable.
Il enchaîne alors avec une série de rôles marquants : le fugitif dans 21 Grams (2003) d’Alejandro González Iñárritu, le Che Guevara dans Che (2008) de Steven Soderbergh, ou encore le Loup-Garou tragique dans The Wolfman (2010). Il choisit ses projets avec soin, alternant entre le cinéma indépendant et les productions plus exposées, sans jamais perdre sa boussole artistique.
Un acteur de l’ombre dans des univers de pouvoir
Benicio del Toro excelle dans les zones grises, les personnages ambigus, les récits où la morale n’est jamais claire. Dans Sicario (2015), il incarne Alejandro, un ex-procureur colombien devenu tueur à gages. Sa performance, glaçante et magnétique, ajoute une couche de complexité au film de Denis Villeneuve, et confirme son appétence pour les rôles silencieux, calculés, mais traversés par la douleur.
Il reprend le rôle dans Sicario: Day of the Soldado (2018), et continue à bâtir une galerie de personnages marqués par la perte, la vengeance ou la désillusion. Même dans des univers plus pop, comme Star Wars: The Last Jedi (2017), où il joue un hacker cynique et désabusé, Benicio del Toro imprime sa patte d’acteur : un mélange d’instinct brut et de contrôle total.
Un visage d’auteur dans les blockbusters
S’il est devenu une figure du cinéma indépendant, Benicio del Toro s’est aussi glissé dans des univers plus vastes, sans jamais trahir sa singularité. Il fait partie du Marvel Cinematic Universe en interprétant le Collectionneur, personnage excentrique et inquiétant dans Guardians of the Galaxy et Avengers: Infinity War. Là encore, il injecte de la bizarrerie et de la nuance dans ce qui pourrait être un simple caméo.
Il collabore avec Wes Anderson dans The French Dispatch (2021), où il incarne un artiste emprisonné. Le ton, plus léger, n’enlève rien à son présent magnétique ni à son étrangeté douce.
Une carrière façonnée par le refus de la facilité
Loin du star-system classique, Benicio del Toro cultive une certaine distance. Il accorde peu d’interviews, fuit les excès de la célébrité, et ne tourne que lorsqu’il est convaincu par un scénario ou un réalisateur. Son jeu repose sur une économie de moyens, une précision d’orfèvre et une présence viscérale. Il peut se taire pendant de longues minutes… et captiver toute une scène.
Il reste aussi fidèle à son héritage portoricain et s’implique dans plusieurs projets liés à la culture latino-américaine, y compris à travers des engagements sociaux.
Benicio del Toro, un acteur en tension constante
Derrière chaque rôle de Benicio del Toro, il y a une tension intérieure palpable, une façon de bouger, de regarder, de respirer qui raconte autant que les dialogues. Il ne cherche pas à séduire, ni à briller. Il habite ses personnages avec une mélancolie étrange, souvent retenue, parfois explosive.
Aujourd’hui, Benicio del Toro demeure l’un des rares acteurs à pouvoir passer d’un drame minimaliste à un film à 200 millions de dollars sans y perdre son âme. Une présence rare, insaisissable, et inoubliable.
Et dans ses silences, il y a toujours plus que ce qu’il dit.