Anders Thomas Jensen

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Filmographie 5 films

Biographie

Anders Thomas Jensen, né le 6 avril 1972 à Frederiksberg, dans la banlieue de Copenhague (Danemark), est un réalisateur, scénariste et dialoguiste danois, connu pour son goût de l’humour noir, de l’absurde existentiel, et de l’humanité profondément imparfaite. Figure centrale du cinéma danois contemporain, il évolue souvent à la frontière entre farce, tragédie et satire, avec un style immédiatement reconnaissable — un peu comme si les frères Coen avaient grandi en Scandinavie avec de la morue salée et des pulsions nihilistes.

Si son nom reste relativement discret hors d’Europe, son empreinte est partout dans le cinéma danois depuis la fin des années 1990. Scénariste hyper-productif et réalisateur singulier, Anders Thomas Jensen est de ceux qui préfèrent écrire des personnages dérangés, paumés ou franchement grotesques — mais jamais sans affection.

Des courts métrages oscarisés aux scénarios acclamés

Avant de se lancer dans le long, Anders Thomas Jensen débute par le court, et pas qu’un peu. Il remporte l’Oscar du Meilleur court métrage en 1999 avec Election Night, après deux autres nominations pour ses films précédents (Ernst & Lyset, Wolfgang). Des œuvres brèves, mais déjà marquées par un ton grinçant, des dialogues ciselés et une vision du monde où la bêtise humaine rivalise avec l’absurdité sociale.

Dès les années 2000, il devient le scénariste de référence du cinéma danois, collaborant notamment avec Susanne Bier, sur des films comme Open Hearts, Brothers ou After the Wedding. Ces drames familiaux et intimes, souvent traversés par des dilemmes moraux, bénéficient tous de son écriture précise et sensible, bien que plus retenue que dans ses propres réalisations. Oui, il sait aussi être sérieux, quand il veut.

Des films comme réalisateur : farce, violence et tendresse scandinave

Lorsqu’il passe à la réalisation de longs métrages, Anders Thomas Jensen lâche la bride. Il signe Flickering Lights (Blinkende Lygter, 2000), un polar décalé où une bande de criminels minables se reconvertit dans la gestion d’un restaurant paumé. Dès ce premier film, son style se pose : dialogues absurdes, violence sèche, humour existentiel et tendresse pour les marginaux.

Il enchaîne ensuite avec The Green Butchers (2003), comédie noire centrée sur deux bouchers... dont les produits ont un ingrédient secret pas très catholique. Encore une fois, la folie ordinaire est traitée avec une ironie froide, mais jamais cynique. Jensen aime ses personnages, même les pires.

Puis vient Adam’s Apples (2005), peut-être son film le plus célèbre à l’international, avec Mads Mikkelsen en prêtre naïf et illuminé, qui tente de redresser un néonazi fraîchement libéré de prison. Le film oscille entre farce biblique et fable philosophique, avec des dialogues aussi absurdes que profonds, et une réflexion sur le bien, le mal, et le pouvoir auto-destructeur du déni.

Après une pause de dix ans à la réalisation, il revient en 2015 avec Men & Chicken, une comédie noirissime et franchement grotesque, où des demi-frères dégénérés vivent dans un manoir décrépit, entre science folle, handicap et bastons avec des poules. Un film étrange, dérangeant, mais aussi — étrangement — touchant. Comme souvent avec lui, l’humanité se cache dans les détails crades.

En 2020, il retrouve Mads Mikkelsen dans Riders of Justice, un thriller d’action déguisé en méditation sur le hasard et la vengeance, où le ton bascule sans prévenir entre tragédie familiale, fusillades et punchlines absurdes. Le film est salué pour sa capacité à mêler gravité et humour, et confirme que Jensen maîtrise l’art de la rupture de ton comme personne.

Un style bien à lui : grotesque, brutal, mais fondamentalement humain

Ce qui fait la force du cinéma d’Anders Thomas Jensen, c’est cette capacité à faire rire avec ce qui, normalement, devrait mettre mal à l’aise. Il écrit des personnages souvent bêtes, violents, brisés, ou pathétiques — mais avec une humanité tellement palpable qu’on finit toujours par s’y attacher.

Il travaille beaucoup avec les mêmes acteurs, notamment Mads Mikkelsen, son complice de toujours, qui incarne tour à tour des tueurs à gages, des prêcheurs, des pères éplorés ou des obsédés compulsifs. Il y a une vraie troupe autour de Jensen, un univers cohérent, fait de perdants magnifiques, de dialogues décalés et de situations grotesques.

Un artisan de l’absurde nordique

Anders Thomas Jensen est un cinéaste danois inclassable, qui s’amuse avec les conventions tout en grattant sous la surface des choses. Il n’est pas là pour rassurer, ni pour choquer gratuitement, mais pour raconter l’absurdité humaine dans ce qu’elle a de plus touchant et contradictoire.

Ses films sont parfois durs à cerner au premier abord, mais toujours profondément cohérents : ils parlent de solitude, de culpabilité, de destin — avec une tronçonneuse, une tarte aux pommes ou une citation biblique bancale.

Et si vous n’avez jamais vu un film où la violence, le burlesque et la métaphysique cohabitent en paix, il est temps de plonger dans l’univers dérangé mais profondément humain d’Anders Thomas Jensen.

Filmographie

5 sur 5 films

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